Origines et développement du département
Le département de science politique naît en 1969, au moment où l’UQAM ouvre ses portes en fusionnant cinq établissements d’enseignement, dont le collège Sainte-Marie, seul de ceux-ci où s’enseignait la science politique. Le département succède en fait au département de science politique de ce collège, où enseignaient alors André Bernard, Claude Corbo et Jacques Lévesque, pour ne citer que ceux dont l’essentiel de la carrière se déroulera à l’UQAM (Denis Laforte et Laurent Chevalier, d’abord présents au département du collège Sainte-Marie, quitteront l’UQAM respectivement en 1971 et 1974). Au noyau initial se joignent, dès la première année de l’UQAM, André Donneur et Daniel Holly. Les effectifs professoraux du département passeront à 12 l’année suivante (1970-71), pour atteindre 23 en 1973-74, ce qui lui donne alors une taille comparable à celle des départements plus anciens, à l’Université Laval et à l’Université de Montréal. Sur le plan des effectifs étudiants, le baccalauréat en science politique attire bientôt plus que ses rivaux (UdeM et Laval), notamment en raison de l’ouverture de l’UQAM à une population adulte et d’horaires qui lui sont adaptés.
D’importants changements dans le personnel professoral sont cependant survenus au fil des ans. Le département, au départ composé seulement d’hommes, s’est adjoint au fil des ans Bonnie Campbell (1973), Pauline Rosenau (1974), Anne Legaré (1975), Lucille Beaudry (1977), Chantal Rondeau (1980), puis en une seule vague (1982), Micheline De Sève, Carolle Simard et Évelyne Tardy. Ce mouvement a continué et le corps professoral compte 42% de femmes en 2023-2024. La recherche féministe occupe par ailleurs une part significative depuis les années 1980.
Avec l’ouverture de l’UQAM, le département, d’abord logé dans l’immeuble principal du collège Sainte-Marie, est installé au pavillon Read, sis à l’angle des rues La Gauchetière et Saint-Alexandre. Il y logera jusqu’à l’automne 1979, pour alors déménager au pavillon Hubert-Aquin, dans l’ancien Quartier Latin de Montréal.
On ne saurait par ailleurs passer sous silence que deux des recteurs de l’UQAM, Claude Corbo (1986-1996, 2008-2012) et Roch Denis (2001-2006), furent professeurs au département de science politique.
Évolution des programmes
Pendant le premier quart de siècle de l’UQAM, il n’y avait pas de facultés. Les programmes de premier cycle étaient sous la responsabilité de « modules » réunis en familles. Le module de science politique, directement responsable du baccalauréat dans cette discipline, appartenait à la Famille des sciences humaines.
Au milieu des années 1970, l’administration publique (duquel relève alors l’étude des institutions politiques canadiennes et québécoises) constitue le domaine où se concentrent l’enseignement et la recherche; les relations internationales suivant (comprises comme incluant l’étude des systèmes politiques étrangers), puis l’analyse politique (méthodologie, théorie, idées, forces et comportements politiques). Si l’on compare alors les universités, l’administration publique, puis les relations internationales constituent les domaines de prédilection à l’UQAM, tandis que Laval et l’UdeM dominent clairement en analyse politique.
À la différence des programmes de premier cycle, les programmes d’études des cycles supérieurs relèvent directement de la juridiction des départements. Le département de science politique est l’un des premiers à l’UQAM à se doter d’un programme de maîtrise, au début des années 1970, en conformité avec la vision d’un département qui ne se voyait plus confiné à la formation de 1er cycle et où la recherche prenait de plus en plus de place. L’expérience de la formation à la maitrise et le développement de la recherche ont ensuite permis au département de se doter d’un programme de doctorat en 1980. La croissance des effectifs étudiants oblige par ailleurs à recourir à l’embauche de personnel à temps partiel. Bon an mal an, ceux qu’on appellera bientôt les chargé.es de cours assureront quelque 50% de l’enseignement au 1er cycle.
En 1999, lorsque l’UQAM se dote d’une nouvelle structure facultaire, le département de science politique, qui s’était situé jusque-là dans l’environnement général des sciences humaines, convient avec celui de sciences juridiques de constituer une nouvelle Faculté de science politique et de droit, originale dans l’environnement universitaire québécois et canadien. Ce cadre organisationnel favorise une offre programmatique renouvelée, par exemple la création d’un baccalauréat en relations internationales et droit international, en partenariat avec nos collègues juristes, ou d’une concentration, dans la maîtrise en science politique, en politique internationale et droit international.
La recherche au département
La fin des années 1980, les années 1990 et le début du nouveau millénaire voient une montée fulgurante de l’intérêt pour les questions internationales, avec la mise sur pied de structures de recherche conséquentes. La création du Centre d’études des politiques étrangères et de sécurité (CEPES), dirigé au départ par Jacques Lévesque, celle du Groupe de recherche sur les activités minières en Afrique (GRAMA) par Bonnie Campbell, la création de la Chaire Raoul-Dandurand en études diplomatiques et stratégiques, avec Charles-Philippe David comme titulaire, puis celle de la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes, dont Alain-G. Gagnon prit les rênes, constituent à cet égard des tournants majeurs.
En complément de cette activité de recherche structurée et collective, le département fut aussi le lieu de production d’œuvres plus personnelles, parmi lesquelles on mentionnera celles de Thierry Hentsch (L’Orient imaginaire, Raconter et mourir ouvrage qui lui a valu en 2003 un prix littéraire du Gouverneur général) et de Jean-Marc Piotte (Les grands penseurs du monde occidental).
Désormais plus que cinquantenaire, le département de science politique de l’UQAM se manifeste par un large spectre d’activités qui sont abondamment documentées sur le site. Présent aux trois cycles de la formation universitaire, le département nourrit la qualité de ses programmes d’études par le travail de recherche et de diffusion du savoir qui s’effectue dans deux instituts, quatre centres, trois chaires, et six autres unités de recherche. Par son enseignement et son activité de recherche, le département est investi dans les principaux domaines de la discipline : la pensée et la théorie politiques, la politique canadienne et québécoise, la politique comparée, la politique mondiale et les relations internationales, les politiques et l’administration publiques, ainsi que la sociologie politique. Le département aborde l’avenir riche de plus d’un demi-siècle de contributions à la formation de multiples spécialistes des réalités politiques et à la construction et à la diffusion de connaissances nouvelles sur cette composante incontournable de la vie des sociétés.
Pour conclure
Michel Leclerc, qui a consacré un ouvrage au développement de la science politique au Québec et dont nous avons tiré certaines des informations présentées plus haut, écrivait au début des années 1980 : « Ni tout à fait semblable aux départements de science politique concurrents, ni totalement réfractaire au modèle traditionnel, le Département de science politique de l’UQAM oscille constamment entre l’adhésion impérative aux normes institutionnelles, caractérisée par une obéissance forcée au modèle académique traditionnel […] et la critique du modèle universitaire dominant, caractérisée par l’adoption de normes de fonctionnement et de production dissidentes » (La science politique au Québec, L’Hexagone, 1982, p. 178). Quelque quatre décennies plus tard, force est d’admettre que ce jugement demeure valide et cette tension bien présente.
Pour bien mesurer le chemin parcouru depuis 1969 et rappeler les personnes qui ont participé à la construction du département de science politique de l’UQAM, on trouvera notamment sur le site du département une liste des membres réguliers, émérites, associés et retraités du corps professoral. Pour ajouter à cela une certaine exhaustivité, une liste des personnes qui sont passées par le département, puis ont poursuivi leur carrière ailleurs est présentée ci-dessous.
Liste des professeurs ayant enseigné au département de science politique de l’UQAM mais ayant poursuivi leur carrière ailleurs :
- Bouvier, François (1970-1975)
- Canuel, Germain (1972-1973)
- Chabot, Luc (1970-1974)
- Chevalier, Laurent (1969-1974)
- Cloutier, Edouard (1971-1976)
- Cohen, Yolande (1977-1978)
- Delorme, Pierre (1982-1985)
- Dubois, Gilbert (1970-1972)
- Fournier, Pierre (1973-1993)
- Laforte, Denis (1969-1971)
- Laliberté, André (2003-2007)
- Latouche, Daniel (1973-1973)
- Le Prestre, Philippe (1989-2005)
- Liebich, André (1974-1991)
- Lipmanson, Donald (1972-1974)
- Lord, Guy (1970-1974)
- Ostiguy, Pierre (2003-2005)
- Rosenau, Pauline (1974-1995)
- Roussel, Stéphane (2002-2012)
- Seiler, Daniel Louis (1975-1982)
- Soucy, Pierre-Yves (1976-1986)
- Truesdell, Ginette (1974-1975)
- Vaillancourt, Yves (1979-1982)