Écrit par David Sanschagrin (Ph.D. science politique, 2021)

Le rapatriement de la constitution au Canada, en 1982, correspond à une véritable refondation constitutionnelle. Ce moment historique est généralement perçu comme l’œuvre de l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, qui cherchait à mater le mouvement indépendantiste québécois. Or, cette interprétation est réductrice, affirme David Sanschagrin (Ph.D. science politique, 2021), auteur de l’essai Le nationalisme constitutionnel au Canada. Dans cet ouvrage, le membre du Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité et la démocratie (CRIDAQ) et de la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes montre comment Pierre Elliott Trudeau s’est appuyé sur un scénario écrit dès les années 1930. À cette époque, des juristes réformateurs cherchent à ce que le Canada acquière sa pleine indépendance de Londres et qu’il se donne une charte des droits, à l’image du Bill of Rights américain. L’émancipation des individus égaux en droit face à un État devenant rapidement autoritaire en contexte de crise constitue l’objectif ultime du projet constitutionnel. «Noble en soi, cette quête émancipatrice se révèle néanmoins un carcan dominateur pour les nations minoritaires, souligne David Sanschagrin. Celles-ci doivent alors accepter de se fondre dans une seule nation politique canadienne.» Paru aux Presses de l’Université Laval.